• La coiffeuse


    Ça va pas ben, non que non.
    Me suis lever avec les cheveux tout collés et maman a beau essayer tous ses machins trucs de grands-mères pour faire partir la gomme que j'ai dedans, y a rien à faire, zut de zut de re zut.
    Me suis endormie hier avec ma gomme balloune, c'est pas ma faute, je l’ai oublier.
    Maman a l'air pluche découragée que moi pourtant c’est pas elle qui est pris avec ça. Reste une seule solution qu'elle dit... La coiffeuse.
    Oh non pas question de faire couper mes cheveux.

    En pluche un samedi c’est pas facile de trouver une place de libre, partout c’est plein de monde. Tant mieux, j'veux pas y aller. Pendant que maman téléphone à son quarante douzième salon moi je suis assise sur le p’tit banc dans cuisine pis je fixe mes pieds que je balance d'avant en arrière, j'ai rien d'autre à faire. C’est long! Je sors de la lune quand le grand arrive à côté de moi... *Qu'est ce qui s'passe avec tes cheveux?*
    J'ai pas envie de lui parler à lui, *Achales-moi pas bon* Une chance que maman revenait en même temps puis qu'elle lui a fait une paire de yeux sinon je sens que ça aurait virer en chicane notre affaire.
    Elle a son beau sourire quand elle me dit, *J'ai trouvé une place, on s'habille et on y va* NOOOOON! que je crie à tue-tête. Même si je hurle, elle m'emmène dans chambre puis change mes vêtements, j'ai beau me tortiller dans tous les sens elle m'attrape par les deux bras et me dit, *Sois sage ma Pinotte et tu auras une belle surprise*.

    Quand on sort de la maison le grand me fait une grosse grimace laide et me dit... *A va te couper le cou la coiffeuse* ça m'a fait une pincette en dedans. Maman m'embarque dans le char en me poussant pis une fois que la porte est fermée je sais que je peux plus rien faire ni dire, que je suis prise comme une souris, fa que je renifler. C’est pas long qu'on est arrivé pis que je me retrouve assise su la chaise de la coiffeuse. Elle regarde ce qu'elle pourrait faire avec mon gros motton pris dans mes cheveux, elle va chercher un produit spécial qui va peut-être faire un miracle mais après deux tentatives elle annonce le verdict final *Faut couper et ça sera court* C’est à ce moment-là que j'ai eu la pluche grosse pincette de toute ma vie et j'ai pleuré jusqu'au retour à la maison.

    En entrant y avait le grand qui était encore assis à même place, une vraie plante verte celui-là, une chance il disait rien. Maman a commencé à m'enlever mon foulard, mes mitaines, mon manteau pis quand elle a voulu enlever ma tuque j'ai mis mes mains dessus et j'ai dit *Non pas question* Elle m'a sourie et ne l'a pas enlevé. Je pense qu'elle comprenait pourquoi. Pas question de faire rire de moi. Suis laide comme ça, bon!
    Pis ma tuque j'vais la garder jusqu'à temps que mes cheveux soient repoussés. J'ai souper avec pis après avoir mis ma jaquette suis aller me faire bercer par papa avec ma tuque.
    Lui aussi a rien dit, il m'a bercé jusqu'à temps que je m'endorme.

    J'ai rêvé d'une coiffeuse sorcière qui coupait tous les cous des enfants pis qui mettait leurs têtes sur le comptoir pour mettre des perruques dessus. J'ai crié si fort que maman a dû me consoler une grosse demie-heure avant que je me rendorme.
    Fini pour moi la gomme balloune.

    La coiffeuse