• Le Dairy Queen

     

    C'est pas trop long qu'on est rendue au Dairy Queen. En cet après-midi de juillet, il y a quelques traîneux dehors... surtout des gars, et en dedans les filles sont regroupées dans des banquettes sur le bord de la grande vitrine. Les gars font les fiers et les filles ricanent. Moi j'y comprends rien à leurs manières mais tout ce qui m'intéresse c'est mon corna.

    Dans mon coin le Dairy Queen est adjacent à un p'tit resto où tu peux manger des grosses patates frites et des hot-dog, on vient des fois avec papa et maman, le dimanche après-midi. C'est là que la plupart des jeunesses se retrouvent pour user leurs fonds d'culotte.

    Pour les cornas on commande de l'extérieur, il y a une p'tite fenêtre avec un moustiquaire qui s'ouvre et se referme. C'est pratique comme ça les mouches rentrent pas et tu peux parler à serveuse à travers du scring. Frèrôt me demande quel sorte de corna que j'e veux, j'y dit; À cramenglace molle pis j'veux du chocolat dessus. Il me sourit et commande.

    La serveuse ouvre le scring lui passe mon corna et des napkings et enfin je le tien entre mes deux petites mains. Mon frère y va de ses recommandantions; Tention pour pas l'échapper.

    Je marche doucement et rendue à l'auto il me soulève et m'assoit sur la valise du char. Comme ça je vois partout et lui peux vérifier que mon corna coule pas sur moi.

    Deux grands viennent près de nous, y en a un des deux que j'connais pis je l'aime pas, quand y me vois y passe son temps à me donner des tapes sa tête, grrrrrr! Mais y me fait rien aujourd'hui, tant mieux sinon y aurait droit à mon coup de pied super sonic dans le tibias. 

    Y pensent que je les entends pas quand y parlent ensemble mais c'est tout faux et là en ce moment même y disent que la nouvelle, "t'sé la grande brune avec les pattes d'enfer", a un oeil sur mon frère. Y ont entendu ça par le grand Pic qui lui l'a su de sa soeur et quand le Pic dis de quoi ben c'est toujours vrai.

    Ah! Les grands... toujours à dire des niaiseries. C'est pas tout j'ai fini mon corna et j'ai même eu l'temps de sauter à terre et je tire sur le chandail de mon frère; "On y vas-tu, j'veux m'en aller à maison"

    "Attends donc in peu pis va tirer des roches dans l'champs pendant que je fûme ma cigarette"

    C'est sur sa grosse tête que j'y tirerais des roches mais j'me reprendrai ben. J'y vais en poussant les mottons d'terre avec mon pied mais sans rouspéter. Je babounne c'est tout.

    J'ai pas tirer de roches, je me suis pris une vieille branche et j'ai fait des dessins dans terre jusqu'à temps qui m'appelle pour partir. On est rembarquer dans l'char et quand le frère a démarrer il a fait chirer les tires et la boucanne montait partout.

    J'ai rie comme une folle car je savais que ses chums restés sur place se sont fait remplir de poussière.

    Nananananan!

     

    Le Dairy Queen